Cette année, deux championnats importants ont vu tomber leur record de buts toutes saisons confondues : la MLS, grâce à Landon Donovan, et, il y a quelques jours à peine, la Liga espagnole, par l’entremise de l’incontournable Lionel Messi. Cela m’a donné l’idée de vous dresser le portrait de certains des meilleurs buteurs perpétuels de grandes compétitions nationales à travers la planète. Des totaux qu’il faut relativiser, puisque les championnats nationaux n’ont pas tous commencé au même moment.
Landon Donovan (MLS / 169 buts - 144 en saison régulière + 25 en phase finale) : Originaire d’Ontario (pas la province canadienne mais la ville californienne), Donovan a été formé dans un club de sa région et, à 15 ans, est tombé dans l’œil des équipes nationales de jeunes. Il y a empilé les buts et a été élu meilleur joueur de la Coupe du monde des -17 ans 1999, ce qui lui a valu un contrat à Leverkusen. Il se produisait avec l’équipe réserve, avant d’être prêté à San José en 2001 (quelques mois après sa première sélection en équipe nationale A) où, dès sa première saison, il s’est imposé parmi les grands, marquant notamment en finale de la Coupe MLS. Que ce soit sur la scène nationale ou avec les États-Unis, il n’a jamais baissé de régime par la suite. Il a soulevé cinq fois la Coupe MLS, remporté les titres de meilleur buteur et de meilleur joueur du championnat, est le meilleur buteur (57 réalisations) et le meilleur passeur de son équipe nationale avec qui il a participé à la Coupe du monde à trois reprises. Ses tentatives de s’épanouir en Europe n’ont pas toujours été fructueuses, puisque ses passages à Leverkusen, au Bayern et à Everton ont été d’assez courte durée. C’est en Californie qu’il se sent le mieux : après San José, c’est le LA Galaxy qui, depuis 2005, bénéficie de sa vista et de son sens du but.
Archie Stark (États-Unis / 253 buts) : Si Donovan occupe la tête des buteurs de l’histoire de la MLS, il est néanmoins cinquième du classement général comprenant l’ensemble des les championnats américains de D1 qui se sont succédé à travers les ères. Le lauréat toutes catégories se nomme Archibald McPherson Stark, né à Glasgow en 1897 avant d’arriver aux États-Unis à l’âge de 13 ans. Il s’est rapidement illustré sur les terrains avant de servir l’armée américaine durant la Première Guerre mondiale. Il était dans la fleur de l’âge en 1921, lors du lancement du premier championnat reconnu comme une D1, où il a empilé les buts, tour à tour en tant qu’ailier droit avec le New York Field Club, puis comme avant-centre de Bethleem Steel, et enfin Newark en fin de carrière. Son record de 67 buts lors de la saison 1924/25 tient toujours. Pour diverses raisons, il n’a joué que deux fois en équipe nationale américaine, avec laquelle il a inscrit cinq buts. Il a notamment décliné sa sélection pour la Coupe du monde 1930.
Lionel Messi (Espagne / 253 buts) : Le petit prodige né à Rosario n’a joué en Argentine que jusqu’à l’âge de 13 ans. Déjà tout petit, il attire les regards par ses prouesses techniques, ce qui lui vaut de signer dans le célèbre centre de formation de Barcelone. Il a un peu plus de 17 ans quand il effectue ses débuts en équipe première. En fin de saison, il inscrit son premier but chez les pros et fête sa première apparition sous son maillot national. Après avoir permis à l’Argentine de remporter la Coupe du monde des -20 ans 2005, Messi a de plus en plus de temps de jeu à partir de l’automne pour rapidement devenir un cadre du Barça. Entouré tour à tour par de grandes vedettes internationales, puis par de plus en plus de joueurs formés au club, c’est avec eux, à partir de 2008, qu’il commence à affoler les statistiques. Il bat les records les uns après les autres. Parmi eux, celui du nombre de buts en une saison, toutes compétitions confondues, avec 73 réalisations en 2011/12, ce qui lui permet de devancer… Archie Stark. Messi a également remporté le Ballon d’or à quatre reprises, fini trois fois meilleur buteur du championnat d’Espagne dont il a été élu cinq fois meilleur joueur, et remporté une kyrielle de trophées avec Barcelone.
Gerd Müller (Allemagne / 365 buts) : C’est dans sa ville natale de Nördlingen que Müller développe son talent de buteur et dispute ses premières rencontres en équipe première. Mais après avoir marqué 51 buts en une saison dans une division inférieure bavaroise, il attire inévitablement le regard du grand Bayern voisin. Pas aussi grand qu’aujourd’hui, puisqu’en 1964/65, les Munichois étaient en D2 allemande. Les 33 buts de Müller à sa première saison contribuent largement à leur montée en Bundesliga. Il reste au Bayern 14 autres saisons, lors desquelles il termine sept fois meilleur buteur du championnat, et mène le Bayern à quatre titres de champion d’Allemagne, quatre coupes d’Allemagne, une Coupe des Coupes et trois Coupes des Champions. Surnommé Der Bomber, Müller brille tout autant en équipe nationale, avec laquelle il termine meilleur buteur de la Coupe du monde 1970, devient champion d’Europe en 1972 (tournoi dont il est aussi le meilleur réalisateur) et champion du monde en 1974. C’est lui qui inscrit le but décisif de la finale contre les Pays-Bas, rendant légendaire son maillot blanc floqué du numéro 13 accompagné d’un short noir. À 34 ans, il répond aux sirènes de la NASL et joue trois saisons pour Fort Lauderdale.
Jimmy Greaves (Angleterre / 357 buts) : Il signe à Chelsea à l’âge de 15 ans et y effectue ses débuts en équipe première deux ans plus tard. En quatre saisons, il a déjà inscrit la bagatelle de 124 buts en championnat, soit une moyenne de 31 par saison, dont 41 lors de la quatrième, en 1960/61. Mais la défense de Chelsea est aussi perméable que Greaves est prolifique et le club a besoin d’argent : il vend son prodige à l’AC Milan où, malgré ses buts, il est malheureux et ne supporte pas l’entraîneur. Il n’y reste même pas une demi-saison, et part à Tottenham, où il retrouve la joie de jouer… et de marquer. Il y reste 9 ans, et inscrit 220 buts en 321 rencontres de championnat. Sur l’ensemble de sa carrière, Greaves a terminé six fois meilleur buteur du championnat d’Angleterre. Il marque aussi régulièrement en équipe nationale, y réussissant entre autres six triplés (ce qu’aucun autre Anglais n’a encore réussi). Il est toutefois sur le banc lors de la victoire de l’Angleterre à la Coupe du monde 1966. Après son départ de Tottenham, Greaves dispute la saison 1970/71, la dernière de sa carrière parmi l’élite, à West Ham. La suite de sa vie est moins rose, marquée par de graves problèmes d’alcoolisme.
Silvio Piola (Italie / 274 buts) : Piola a effectué ses débuts à 16 ans à Pro Vercelli, grand club italien du premier quart du XXe siècle, qui était déjà sur le déclin en 1930, avant de longtemps tomber dans l’oubli puis de remonter jusqu’en Serie B aujourd’hui. Piola est toutefois le meilleur buteur de l’histoire du club parmi l’élite, même si après avoir battu certains records de précocité, il le quitte au bout de quatre ans pour la Lazio. Il y trouve régulièrement le chemin des filets pendant neuf saisons, termine deux fois meilleur buteur du championnat, mais quitte Rome pour Turin pendant la Seconde Guerre mondiale. Le conflit fausse les compétitions durant trois ans, durant lesquelles elles n’ont pas de reconnaissance officielle. Quand elles sont relancées, Piola joue encore une saison à la Juventus, avant de partir pour Novare, où il se produit de 1947 à 1954, mettant alors fin à sa carrière à près de 41 ans et après 25 ans au plus haut niveau. Piola a aussi inscrit 30 buts en 34 sélections pour l’Italie, dont deux lors de la finale victorieuse de la Coupe du monde 1938.
Delio Onnis (France / 299 buts) : Né en Italie, il grandit en Argentine où ses parents ont déménagé alors qu’il avait deux ans. Formé à Almagro, il y effectue ses débuts en D2 avant d’être transféré au niveau supérieur, au Gimnasia y Esgrima La Plata où il est repéré par le club français de Reims. Malgré une petite quarantaine de buts en deux saisons, la lune de miel est brève et Onnis prend la direction de Monaco, où il devient une légende du club. Non seulement parce qu’il y empile les buts, mais en plus parce que, malgré son statut, il reste au club quand celui-ci est relégué en D2 : il contribue à la faire remonter immédiatement puis à lui offrir le titre de champion de France dès son retour en D1 ! En raison d’une mésentente avec les dirigeants monégasques, il signe à Tours à l’âge de 32 ans : Onnis est au sommet du classement des buteurs deux saisons de suite, aidant un petit club à se maintenir parmi l’élite. L’année suivante, il est blessé et le club chute en D2. Onnis ne l’y accompagne pas mais signe à Toulon où, malgré le poids des années, il devient meilleur buteur du championnat de France pour cinquième et dernière fois.