Ignacio Piatti est-il encore plus fort sans le ballon qu’avec ?

Ignacio Piatti - Montreal Impact - October 16, 2016

Mardi prochain, environ 60 000 montréalais encourageront leurs favoris au Stade olympique à l’occasion du match aller de la finale de la Conférence Est face à Toronto. L’objectif de l’équipe : gagner, et se placer en bonne position avant le match retour sur les bords du lac Ontario. Les supporters auront à l’œil l’homme qui sort du lot sous le maillot des bleu-blanc-noir depuis le début de la saison : Ignacio Piatti.


Comme beaucoup, ils s’extasieront quand il sera balle au pied. C’est de la sorte qu’il se fait le plus remarquer. « C’est dur de l’arrêter… même à l’entraînement, explique son capitaine Patrice Bernier. Quand il le veut, il peut créer des espaces, tant pour lui-même que pour les autres. Jouer à ses côtés est extraordinaire car durant un match, il peut créer une étincelle à partir de rien. »


Son entraîneur Mauro Biello résume un sentiment général quand il déclare : « Il est capable de déséquilibrer l’adversaire grâce à ses capacités de dribble et de passe. » Le dribbleur de talent : voilà le regard que beaucoup de monde porte sur Piatti. Mais son image évolue. Auteur de 20 buts cette saison, toutes compétitions confondues, il est désormais aussi considéré comme un finisseur. Il faut dire qu’il se sent comme un poisson dans l’eau dans le système de jeu développé par son équipe : défendre et contrer.


« Il nous aide, car il nous permet de jouer plus bas, précise Biello. Dans le même temps, il effectue de tellement bonnes passes que si vous lui laissez de l’espace, il peut donner ce ballon qui fait la différence. Il peut changer l’allure du match à tout moment. Évidemment, il est très bon en reconversion rapide. Il a la capacité d’anticiper le jeu et de se trouver à la bonne place pour aller vers l’avant. Ensuite, il est capable de dribbler et de le déséquilibrer, ce qui en fait un des meilleurs, si pas le meilleur de la compétition. »


La reconversion rapide, ce n’est pas « bêtement » de la contre-attaque. C’est quand une équipe récupère le ballon (même très haut sur le terrain) et porte le danger avant même que la défense adverse ne se remette en place. La vitesse est un atout clef : celle de course – on pense immédiatement à Dominic Oduro – mais aussi celle de pensée. Quand Biello parle d’anticiper le jeu et d’être à la bonne place, il met le doigt sur une qualité de Piatti dont on parle généralement moins.


« On » exclut Greg Vanney. Quand on lui cite le nom du maître à jouer montréalais, l’entraîneur de Toronto ne tombe pas dans le cliché de ses qualités balle au pied, de son sens du but et de son jeu spectaculaire. Il nous emmène sur un tout autre terrain. « À mon sens, l’une de ses plus grandes forces réside dans une qualité que les gens ne voient parfois pas : ce qu’il fait avant de recevoir le ballon. C’est un gars vraiment très intelligent quand, alors qu’il aide l’équipe à défendre, il voit qu’elle est sur le point de récupérer le ballon. Il se reconvertit alors très rapidement dans le sens de l’attaque. Alors que personne d’autre sur le terrain ne s’est reconverti, lui, il l’a déjà fait. C’est là qu’il gagne du temps, quelques secondes, sur tout le monde. C’est ainsi qu’il trouve ces fameux espaces et prend ses distances des défenseurs. Alors seulement, ses qualités de dribble entrent en jeu pour lui permettre d’aller marquer. »


Il ne fait aucun doute que depuis l’éclatante démonstration de ses joueurs à New York City, Vanney a ressassé à ses joueurs : « N’attendez pas que Piatti appelle le ballon, il sera déjà trop tard ! » Il ne cache d’ailleurs pas le plan de son équipe pour tenter de limiter l’influence de l’Argentin. « Évidemment, notre tâche est de l’avoir à l’œil à tout instant. Particulièrement, voire surtout lorsque nous sommes en possession de balle ! Nous devons nous assurer d’avoir pleine conscience d’où il se trouve lors de ces moments qui séparent ses efforts défensifs de ses reconversion offensives. Mais je pense qu’il est vraiment très intelligent dans ces situations. »


A-t-il percé le secret qui défère son goût particulier à celui que l’on surnomme « Nacho » ? Ses joueurs parviendront-ils à appliquer ses consignes ? Première réponse, mardi. Quoi qu’il en soit, si vous avez la chance d’être au stade (car ce sera beaucoup plus dur à observer devant une télévision, sans avoir une vue d’ensemble du jeu), ne restez pas uniquement fixé sur l’action en cours et pensez, vous aussi, à surveiller Piatti alors qu’il est loin du jeu et que Toronto risque de perdre le ballon. Cela pourrait être très intéressant !