Le coup d’envoi de l’Euro 2016 sera donné ce vendredi. Voilà dix questions dont les réponses détermineront le sort du tournoi, et des équipes concernées. Pour rappel, vingt-quatre nations prennent part à la compétition. Lors du premier tour, elles sont réparties en six groupes de quatre, dont les deux premiers ainsi que les quatre meilleurs troisièmes seront qualifiés pour les huitièmes de finale. Un système qui a l’avantage de complètement brasser les cartes pour la phase à élimination directe comparé au monotone 1A-2B, 1B-2A, 1C-2D, etc.
L’Allemagne a-t-elle conservé les cartes qui lui ont permis d’être championne du monde ?
Les retraites internationales des défenseurs Lahm et Mertesacker nous feront découvrir de nouveaux noms au sein d’une défense qui semble plus friable, rendant l’équipe plus prenable. Mais devant eux, malgré la retraite de Klose, on a toujours autant de talent et d’expérience avec, comme principales attractions, Müller et Özil. Le jeu n’a pas changé non plus : un rouleau compresseur qui fait circuler le ballon au sol, fait bouger les adversaires et peut amener le danger de tous les endroits du terrain.
L’élimination prématurée de l’Espagne au Brésil était-elle un accident ?
Le noyau regorge de talent, mais le tenant du titre n’est plus grandissime favori comme il y a quatre ans. Basant son jeu sur celui de Barcelone, il semble paré dans la moitié défensive du terrain. Devant, il lui manque un buteur attitré à la Villa. D’autant que son meilleur réalisateur des éliminatoires, Paco Alcacer, capable d’apporter des changements de rythme bénéfiques, n’a pas été sélectionné pour cause de méforme. Quant à la créativité, elle pâtit de la retraite de Xavi et du vieillissement d’Iniesta. Du coup, le fameux tiki-taka est moins fluide et moins déroutant.
La France peut-elle réaliser la passe de trois ?
La France a remporté les deux derniers tournois internationaux qu’elle a organisés, l’Euro 84 et la Coupe du monde 98. L’avantage du terrain est couplé à un inconvénient, celui de n’avoir aucun match officiel pendant deux ans pour se jauger sérieusement. Depuis le Brésil en 2014, les Bleus se sont départis des services de Valbuena et Benzema, Pogba a pris beaucoup de galon et Griezmann est devenu une certitude. Équipe mobile et dynamique dans l’entrejeu et sur les ailes, la France a obtenu de bons résultats lors de ses dernières rencontres de préparation malgré les défections en défense et l’absence d’homme de pointe attitré.
La Belgique jouera-t-elle à la hauteur de son statut ?
Deuxième du classement Fifa et équipe européenne en meilleure position, la Belgique ne peut échapper à un rôle de favori. Les joueurs de talent ne manquent pas, à commencer par De Bruyne, alors que Romelu Lukaku reçoit enfin la confiance nécessaire à un buteur après une bonne saison à Everton. Mais souvent, la bande à Eden Hazard peine à enflammer les rencontres, et il faut parfois la tignasse de Fellaini pour débloquer un match. Sans oublier une défense qui a enregistré une kyrielle de forfaits et manque de stabilité. Reste que les Diables et leurs supporters seraient déçus s’ils n’arrivaient pas en demi-finale.
L’Angleterre peut-elle enfin prétendre à autre chose qu’au statut de favori décevant ?
Seule équipe à avoir réussi un sans faute (30/30) lors des éliminatoires, l’Angleterre offre ses arguments les plus solides depuis longtemps. Bien que régulièrement remis en question par ses détracteurs, Rooney reste un poison devant. L’éclosion de Kane et de Vardy lui apporte le soutien nécessaire et compense l’absence de Welbeck, blessé. Si la défense semble plus vulnérable et parfois lente à se replier, les trois petits buts encaissés lors des éliminatoires plaident en sa faveur. Reste l’inconnue de la traditionnelle bourde d’un gardien anglais lors d’un grand tournoi. 50 ans après son seul titre majeur, le moment est venu d’enfin soulever un trophée.
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Quelle individualité peut porter le jeu offensif italien ?
Vous aurez beau poser la question à tous les Italiens autour de vous, ils auront du mal à vous répondre. La force de l’équipe, c’est la défense de la Juventus et un système que tous les joueurs maîtrisent et que le sélectionneur Conte peut moduler sans les déstabiliser. Mais sans Balotelli, qui avait enflammé la compétition il y a quatre ans, la créativité et l’efficacité risquent de reposer sur les épaules de Candreva et de Pellè, ce qui est pour le moins léger. De quoi regretter que Pirlo et Totti n’aient pas quelques années de moins…
Le Portugal est-il uniquement dépendant de Cristiano Ronaldo ?
Oui et non. Les résultats des rencontres où le joueur du Real Madrid n’est pas sur le terrain plaident pour la réponse affirmative. Cela ne veut pas dire pour autant que l’équipe manque de talent, avec notamment Nani et Moutinho. Quelques bons jeunes arrivent aussi dans l’effectif. Cela semble toutefois insuffisant pour faire du Portugal un grand favori. D’excellents résultats dans un groupe à sa portée pourraient lui insuffler de la confiance. Mais le doute s’installerait vite en cas de contre-performances.
Quelles équipes sont susceptibles de créer une grosse surprise ?
C’est extrêmement difficile à dire tant beaucoup de « petits » se sont illustrés durant les éliminatoires. Le Pays de Galles a fait mordre la poussière à la Belgique, la Pologne a battu l’Allemagne et planté des tonnes de buts, l’Islande a provoqué l’élimination des Pays-Bas, la Roumanie n’a encaissé que deux buts, l’Autriche a pris 28 points sur 30 et est très difficile à manœuvrer. Le passage à 24 équipes crée, avec l’arrivée de huitièmes de finale, un tour de plus et donc un écueil supplémentaire pour ces formations avides de créer la surprise.
Qui sont les grandes vedettes au sein des équipes dites petites ?
En tête de liste, il y a évidemment l’inqualifiable attaquant suédois Ibrahimovic. Autre joueur à marquer plus vite que son ombre, l’avant polonais Lewandowski. Le Pays de Galles a pris une autre dimension grâce à Bale, ailier prolifique mais fragile. Chaque touche de balle du très impliqué maître à jouer suisse Shaqiri est un régal. La Slovaquie comptera beaucoup sur Hamsik tout comme l’Irlande sur Keane. Réputée pour ses techniciens, la Croatie a en Perisic, Rakitic et Modric trois incroyables talents. Il n’y a pas que des vedettes offensives : citons entre autres Cech, le gardien tchèque, mais aussi le défenseur slovaque Skrtl et l’arrière droit suisse Lichtsteiner. Sans compter tous les joueurs que l’on va découvrir au cours du prochain mois.
Qu’attendre des joueurs évoluant en MLS ?
Laurent Ciman (Montréal) est le seul à jouer pour l’un des favoris. Réserviste lors de l’annonce de la présélection, il a finalement été rappelé et pourrait être titulaire dès le premier match. Il croisera la route de Robbie Keane (LA Galaxy) puisque l’Irlande et la Belgique sont dans le même groupe. L’attaquant vétéran est un joueur clef de l’équipe au trèfle, qui espère sortir de son groupe difficile mais ouvert grâce à un jeu physique et offensif. Shkëlzën Gashi (Colorado) aura plus de mal à se mettre en valeur, non pas en raison de ses qualités, mais parce que l’Albanie mise avant tout sur sa défense et que son sélectionneur préfère parfois d’autres joueurs dans son rôle.